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«Chez Bell, nous combinons artisanat et automatisation»

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«Chez Bell, nous combinons artisanat et automatisation»

06.05.2019

Une boucherie bâloise s’est muée en groupe alimentaire international au fil de ses 150 années d’existence: Bell Food Group emploie plus de 12 000 collaborateurs dans 15 pays. Markus Ettlin, responsable Industrie 4.0/Automation chez Bell Food Group, présente les projets liés à l’industrie 4.0 en cours et les limites de l’automatisation et des innovations dans le secteur alimentaire.

Markus Ettlin, Head of Industry 4.0/Automation at the Bell Food Group

BaselArea.swiss: Quand les saucisses seront-elles fabriquées par des robots?

Markus Ettlin: Une saucisse cache beaucoup d’artisanat, d’expérience et de savoir-faire. Il serait pour l’heure presque impossible de faire réaliser les étapes nécessaires par une machine, et ça n’est pas notre objectif. Il s’agit pour nous de concilier tradition et innovation. En matière de charcuterie, la tradition et le travail manuel sont très importants. Ce n’est pas demain que les saucisses seront fabriquées par un robot.

Parce que ça ne serait pas un produit demandé?

Je pense que nos clients recherchent un produit artisanal et pas une saucisse totalement industrielle. La saucisse est un produit naturel, aux qualités naturelles, qui doivent être respectées. Il faut beaucoup de savoir-faire pour cela. La production de saucisses ou de jambon requiert une grande expérience et fait appel à tous les sens. Nous travaillons toutefois à l’automatisation de certaines étapes du processus. Nous voulons combiner artisanat et automatisation.

Dans quels domaines l’automatisation est-elle possible?

Nous devons distinguer le secteur artisanal et la production de produits prêts-à-servir (convenience). Le travail manuel restera précieux dans la fabrication des saucisses et du jambon. Dans le secteur des produits convenience, qui doivent tous être identiques, l’automatisation est bien plus avancée. La production de galettes de steak haché et de nuggets de poulet est par exemple très automatisée, puisque ces produits sont mis en forme par des machines. Dans la logistique aussi, nous avons su déployer les technologies de l’automatisation pour les tâches répétitives et pénibles.

Où percevez-vous le plus fort potentiel?

Le niveau d’automatisation est particulièrement important dans la manutention et le conditionnement, mais il ne dispense pas là non plus de personnel humain. Le vrai potentiel réside selon nous dans les données et informations qui sont générées quotidiennement. Nous voulons apprendre de ces données et nous améliorer. Nous nous intéressons par exemple au processus de cuisson, pour lequel plusieurs données sont mesurées, dont la température: il y a les paramètres théoriques et les paramètres réels, et le résultat final. Si les collaborateurs vérifient la température, ils ne peuvent pas garder une vue d’ensemble de tous les paramètres, des différentes valeurs et des corrélations complexes. L’analyse de ces données nous permettra de garantir la qualité du processus de cuisson et du produit, et même de l’améliorer. Elle nous aide aussi à renforcer l’efficacité énergétique et à utiliser au mieux les installations.

Sur quelles transformations et quels domaines Bell met-elle l’accent?

D’une part, la traçabilité du produit et, de l’autre, la transparence des différentes étapes du processus de transformation et leurs conséquences sur le produit fini. L’élément central est donc les normes et la standardisation. Nous voulons déployer des technologies standardisées, transformer les processus automatisés et créer de la transparence.

Quels domaines peuvent être des sources d’inspiration particulièrement intéressantes pour les technologies standardisées?

En matière de transformation de la viande, la spécialité joue un rôle prédominant. Ce qui m’intéresse plutôt dans ma partie, ce sont les technologies que l’on peut utiliser différemment. Il est par exemple possible de transposer certaines pratiques et méthodes de l’industrie pharmaceutique à l’industrie alimentaire. L’industrie pharmaceutique sait ainsi gérer d’importantes quantités de données. C’est très stimulant pour mon domaine. L’industrie automobile est elle aussi très avancée dans les processus automatisés. Les constructeurs ont souvent des lots importants, pour lesquels le volant doit toutefois être positionné tantôt à gauche, tantôt à droite. Ce sont des thèmes qui nous préoccupent aussi, puisque nos produits peuvent prendre différentes formes: plus léger ou plus lourd, avec moins ou plus d’emballage. Nous nous inspirons volontiers des autres secteurs.

Qu’est-ce qui est implémenté?

Nous construisons un important entrepôt frigorifique dernier cri qui présentera un très très grand niveau d’automatisation. La logistique doit, si possible, être totalement automatisée, les collaborateurs doivent séjourner aussi peu que possible dans le secteur des surgelés et il existe des processus d’assistance très automatisés. L’ensemble des installations et des processus généreront des données et des informations que nous désirons analyser à des fins d’amélioration, d’entretien et d’efficacité. Dans tous les domaines, la collecte des données est pour nous une chance de progresser et de garantir la qualité.

Quels défis représentent les transformations prévues pour Bell?

Chez nous, l’industrie 4.0 est fortement liée à l’environnement de production. La numérisation est une étape importante pour nos collaborateurs. Nous voulons inclure tous nos collaborateurs et montrer que les nouvelles technologies sont là pour les assister dans leur travail. Je vois aussi un défi dans la grande complexité de toutes les étapes – tout est lié. Ça n’est pas toujours facile à comprendre. Nous sommes par conséquent appelés à développer des connaissances et à sensibiliser globalement les collaborateurs aux thèmes liés à l’industrie 4.0. Nous devons notamment découvrir par où commencer avec la mise en œuvre et dresser une feuille de route judicieuse.

Bell participe à notre Industry 4.0 Challenge. Qu’avez-vous déjà pu en tirer?

Je connais BaselArea.swiss au travers de différentes manifestations qui donnent toujours lieu à des contacts passionnants. Dans le cadre de l’Industry 4.0 Challenge, je peux voir simplement quelles idées sont répandues et comment les autres perçoivent le monde. Dans les grandes entreprises, il est souvent difficile de tracer de quelle manière les formidables solutions ont été décidées. Les start-up peuvent rapidement montrer une preuve de concept, je peux donc me faire une idée de ce qui existe et de ce que ça signifierait pour moi. C’est extrêmement passionnant pour moi. Notre secteur a aussi des contacts avec les sociétés du dernier Industry 4.0 Challenge. Nous sommes certes à la recherche d’outils standardisés. Mais les start-up comblent souvent les lacunes entre une norme exigeante et le monde réel.

Quelles innovations attendons-nous prochainement dans la branche alimentaire?

La viande produite sans tuer d’animaux: le hamburger de Mosa Meat sera développé à partir de cultures de cellules. Bell possède une participation dans la société néerlandaise qui travaille actuellement à la commercialisation de sa découverte.

About Markus Ettlin

Markus Ettlin is the Head of Industry 4.0/Automation at the Bell Food Group in Basel. He previously worked in the Drive Technology division as well as in the watch industry. After completing his apprenticeship as an Automation Engineer, Markus Ettlin continued his studies in Industrial Engineering and Business Administration.

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