Cette année a été marquée par la pandémie de Covid-19. Quelles en ont été les conséquences pour la région Basel Area ?
Christof Klöpper : Dans toute la Suisse, l’économie est gravement touchée par la crise. Cela concerne non seulement l’hôtellerie et le tourisme, mais aussi d’autres secteurs comme l’industrie horlogère, qui dépend des exportations. Comparée avec d’autres régions suisses, la nôtre a encore assez bien traversé l’année
Domenico Scala : La région Basel Area est marquée par une structure économique très avantageuse. Les deux groupes mondiaux Novartis et Roche versent chaque mois des centaines de millions de francs de salaires. De nombreux sous-traitants en bénéficient également. Par rapport d’autres régions économiques, nous maintenons une bonne position. Le pôle puissant des sciences de la vie figure parmi les gagnants.
Pourriez-vous entrer dans les détails ?
Scala : Une contribution majeure a été fournie par les sociétés elles-mêmes, qui ont investi à temps dans des technologies et des infrastructures. Parmi celles-ci, il y a des entreprises du secteur des technologies de l’information, mais aussi des sociétés de biotechnologie. Nous profitons en outre de la situation de départ exceptionnellement bonne de la Suisse. Les finances de l’État sont saines et les conditions politiques sont stables. La gestion de la crise aurait pu être organisée de manière plus centralisée, c’est un point de critique. Malgré tout, je suis persuadé que le fédéralisme constitue à long terme un atout qui a fait ses preuves et qui bénéficie également à la région Basel Area.
Klöpper : Si l’économie de la région a fait relativement bonne figure, c’est également dû au fait que l’aide financière durant le premier confinement au printemps 2020 est rapidement parvenue aux entreprises. En outre, beaucoup de compagnies prennent très au sérieux leur propre responsabilité entrepreneuriale. De nombreuses startup que nous avons accompagnées ont réussi à se débrouiller de leurs propres moyens. Certaines d’entre elles sont même parvenues à conclure de grosses rondes de financement durant la crise sanitaire.
Avec la survenue du Covid-19, le télétravail est devenu la norme. Quelles en ont été les conséquences dans le pôle économique de la région Basel Area ?
Klöpper : Dans notre région, nous bénéficions d’un puissant pôle des sciences de la vie. Il le restera à l’avenir. Certaines fonctionnalités ne se remplacent pas par des vidéoconférences. Cela dit, chaque pôle est soumis à une pression concurrentielle accrue dès qu’une majorité de ses employés peut décider elle-même de son lieu de travail.
Scala : L’infrastructure technologique bien établie de la région Basel Area est un prérequis du bon fonctionnement du télétravail à l’échelle régionale – du moins pour les fonctions qui le permettent. Une autre condition réside dans la souplesse de l’organisation du travail, qui a permis à beaucoup de personnes de continuer à travailler depuis chez elles. Durant la crise, la transition sans entrave au télétravail a contribué à la résilience de la région économique. L’actuelle pandémie ne changera pas fondamentalement le monde. Cependant, elle renforcera des tendances qui existaient déjà. S’imaginer que bientôt, chaque entreprise passera entièrement au me semble trop radical. Les choses évolueront différemment en fonction du domaine d’activité et de la culture d’entreprise. Je suis persuadé qu’un pôle puissant comme la région Basel Area continuera à être important – indépendamment du mode d’organisation des postes de travail de l’une ou de l’autre entreprise.
Comment l’organisation Basel Area Business & Innovation a-t-elle géré les défis liés au Covid-19 ?
Klöpper : Il était important de maintenir les prestations et de protéger l’équipe. Nous y sommes parvenus. Cependant, il y a des domaines qui souffrent. Convaincre des entreprises étrangères des atouts de notre site fonctionne le mieux quand on est sur place. En 2020, c’était presque impossible. Le Covid-19 a accéléré le processus de numérisation – également chez nous. Nous avons très rapidement numérisé un grand nombre de processus et prestations. Aujourd’hui, les consultations se déroulent par vidéoconférence, les événements ont lieu en ligne. J’ai constaté qu’en télétravail à domicile, la gestion du temps de travail devenait plus rationnelle. Beaucoup de réunions sont plus courtes et plus efficaces, il n’y a plus de trajets à faire. En même temps, l’aspect humain en pâtit néanmoins et un élément important de la communication en souffre.
Scala : Malgré le Covid-19, nous avons réalisé une excellente année: presque autant de sociétés que l’année dernière sont venues s’implanter dans la région Basel Area, et le nombre d’entreprises nouvellement créées est également élevé dans la région. Nous avons organisé le plus grand événement dans l’histoire de l’organisation avec 850 participants et participantes. Basel Area Business & Innovation a bien fonctionné et des projets d’envergure ont pu être réalisés. Le directoire est très satisfait de l’équipe et de la direction.
Quels sont les projets qui ont marqué l’année 2020 ?
Klöpper : Les travaux de construction du campus d’innovation de Herzog & de Meuron ont débuté à Allschwil. Nous avons été la première organisation externe à ouvrir un site du Switzerland Innovation Park Basel Area sur le Campus Novartis. Sur le site Jura, nous avons ouvert un nouvel étage. Par ailleurs, nous nous sommes positionnés plus clairement et avons remanié notre identité de marque. La garantie apportée par les cantons de Bâle-Campagne et de Bâle-Ville en termes de financement de BaseLaunch a été un facteur décisif.
Qu’attendez-vous de l’année 2021 ?
Scala : Le contexte économique de la région est meilleur qu’il n’y paraît. Beaucoup de gens ont un emploi et un revenu. Tôt ou tard, cet argent sera à nouveau consacré à la consommation. Les réformes fiscales engagées par Bâle-Campagne, Bâle-Ville et au Jura contribueront à l’attrait du pôle économique : nos trois cantons responsables introduiront une patent box ou l’on déjà fait, et baissent le taux d’imposition sur les bénéfices des entreprises.
Klöpper : Je m’attends à ce qu’en 2021, nous devions accompagner moins d’entreprises lors de leur implantation. Nous constatons que les sociétés étrangères sont plutôt dans l’attente actuellement. Elles souhaitent se faire une idée de la région avant de s’y développer. Si les nouvelles implantations sont en baisse, les investissements régresseront également. 2020 était une année record pour la création d’entreprises, ce qui ne n’a rien d’étonnant. Une crise combinée à un environnement attrayant engendre une hausse des créations d’entreprises. J’escompte le même effet en 2021.
Quels sont les grands axes sur lesquels vous misez pour 2021 ?
Klöpper : Les besoins de notre clientèle sont très divers. Une entreprise de l’étranger voudra faire connaissance de partenaires potentiels, une startup innovante dans les biotechnologies s’intéressera aux laboratoires, un créateur d’entreprise cherchera par exemple des experts du marché asiatique. Afin de répondre encore mieux à ces besoins, nous interconnecterons plus étroitement nos domaines d’activité. En bref, nous voulons encore améliorer nos prestations de services en 2021.
